Abraham Poincheval
Le Refuge
Abraham Poincheval
Avec le soutien de l'Union européenne via le programme LEADER | les DRAC Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes | La Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée | l'ANCT Massif central
Le Refuge de l’artiste performeur Abraham Poincheval s’apparentera à une boule granitique, inspirée des Rochers de la Clouque à quelques kilomètres du coeur du village, et des travaux d’Eugène Viollet-le-Duc, architecte et restaurateur des monuments médiévaux du 19ème siècle. Abraham Poincheval nous raconte…
« A la fin de sa vie, Eugène Viollet-le-Duc imagine restaurer le Massif du Mont Blanc dans son état primitif selon les idées analogues à celles appliquées à la restauration d’un monument. Grand marcheur et amoureux de géologie, il se met à chercher dans les massifs des structures cachées, en puisant dans les ressources de la géométrie et de la minéralogie.
Il voit la montagne comme une « immense usine » et appelle à un « congrès d’aménagement terrestre ». Il écrit en 1875 ; « Cette usine (la montagne) fournit l’eau de nos rivières, c’est-à-dire la vie. L’usine est en mauvais état, elle a besoin d’être revue et réparée, elle périclipte par notre faute surtout et par l’action du temps. Et nous gémissons sur les conséquences de cet état des choses en essayant des appliatifs qui prêteraient à rire, si on pouvait rire en présence de tant de ruines ».
Suite à ma visite à Golinhac, à la découverte des relations qu’entretiennent le village, le paysage et le chemin de Compostelle, j’ai souhaité imaginer un abri constitué des rapports intimes entre la géologie, l’architecture, le lieu et l’archéologie médiéval. J’ai imaginé un abri comme une forme protovernaculaire, un abri animiste, un abri qui prend soin de son hôte. Du lieu. En contrebas du village de Golinhac, dans un petit taillis surplombant un paysage vallonné, à quelques mètres du chemin de Compostelle.
Cette parcelle ensauvagée construite en restanque avec un petit chemin à restaurer. Dans la forêt sera ouverte une clairière avec la création d’un point de vue sur le paysage voisin.
Le Refuge sera identique à une boule granitique, la seule différence notable étant l’ouverture faisant office de porte d’entrée. Une girouette indiquant la provenance du vent sera située sur son sommet. L’espace intérieur sera sobre avec seulement deux suévélations indiquant les lieux de couchage. Les parois seront recouvertes de feuille d’or ou de cuivre, du sol au plafond, transformant l’édifice intérieur en réflecteur. A la tombée de la nuit, le Refuge deviendra une sorte de Toro granitique, un phare qui guide le chemin. L’une des parois sera ornée d’une coquille Saint-Jacques, objet guérisseur. »
Le Refuge est en cours de construction et s'inscrit dans l'aventure artistique et culturelle Fenêtres sur le paysage, dans laquelle des artistes sont invités à créer des œuvres d’art-refuge, en relation avec des territoires et ceux qui y vivent, pour proposer aux habitants et marcheurs de (re)découvrir les paysages des chemins de Compostelle.
Ces œuvres d’art-refuge :
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accueillent les randonneurs et habitants pour une expérience artistique exceptionnelle en pleine nature ;
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ont un usage : l’abri, le refuge, pour pouvoir y dormir, s’y abriter ou y passer une nuit ;
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sont créées à partir de matériaux et savoir-faire du territoire et portent une attention particulière au paysage et aux valeurs associées à la transition écologique.
Ruche, Hive - Abraham Poincheval
Abraham Poincheval
L’artiste Abraham Poincheval (né en 1972, vit à Marseille) jouit aujourd’hui d’une formidable réputation d’explorateur insatiable. Ses oeuvres s’apparentent à des performances dans lesquelles il se met en situation de réaliser des actions inédites comme : marcher sur les nuages, couver un oeuf ou encore passer une semaine enfermé dans un rocher. Tantôt inatteignable (la vigie pour laquelle il s’installe sur une petite plateforme au sommet d’un mât de 12 m), tantôt caché (dans le corps d’un ours naturalisé, dans la réplique agrandie de la sculpture d’un homme lion de l’époque aurignacienne ou encore en armure de chevalier lorsqu’il traverse à pied la Bretagne), l’artiste a développé une forme de claustrophilie productive.
Son art est la source d’expériences intérieures intenses, en même temps que l’exemplarité des performances stimule la réflexion du public. Expérimentant le temps, l’espace, le règne animal ou minéral dans des formes qui peuvent être statiques comme itinérantes, il introduit une perturbation dans le registre du quotidien. À partir de concepts simples (vivre comme un ours ou une poule, s’enfermer dans la matière ou flotter en elle) il interpelle notre perception du monde et libère l’horizon des possibles.
L’exposition Ruche – Hive présente un ensemble de pièces de l’artiste issues de performances déjà réalisées (telles que Pierre, OEuf, Ours ou encore Walk on Clouds) ainsi que de nouvelles productions et les met en relation avec l’élaboration d’un projet inédit intitulé Ruche. L’artiste séjournera alors dans le corps d’une ruche avec les 20 000 individus qui l’habitent. L’oeuvre est ici présentée dans sa phase de recherche, avec tous les éléments qui la composent (dessin, sculpture, film, espace du séjour pour la performance).
L’exposition Ruche – Hive est ainsi un moment rare qui permet à l’artiste de partager les objets d’élaboration d’un projet et au visiteur d’accéder aux travaux préparatifs d’une performance à venir.