10 - 18 dec. 2021
Un titre comme un cri du cœur et une réponse fellinienne par les corps aux incertitudes du temps présent. Des corps qui parlent, chantent et dansent la vie des artistes avec une fragrance du film Ginger et Fred du maestro italien : entre magie des spectacles et normalité du travail quotidien, saisir ce moment où les identités multiples vacillent pour révéler l’intime. Que donne-t-on à voir de soi lorsque l’on est en représentation ? Comment l’identité se construit-elle par la pratique artistique et la relation aux autres, de sorte qu’elle vient autant du dehors que du dedans ? À leur habitude, Daria Deflorian et Antonio Tagliarini explorent leur sujet avec finesse, cherchant une forme concrète où les idées se manifestent sans nécessiter de discours. Ils la trouvent ici dans la danse. Pas la danza des professionnels, mais il ballo : "Une danse entre la vie et l’art ; on peut baller toute sa vie sans être danseur." Une danse populaire, de celles où l’art s’impose face à l’urgence de s’exprimer, à l’image des claquettes qui permettaient aux esclaves Noirs américains de communiquer entre eux.
En effet, comme toujours dans les pièces du duo italien, l’intime est lié au politique : il questionne ici le sens de l’art dans la société. "Essayer d’aborder différemment la question du divertissement et du marché de la culture : accepter qu’il s’impose aujourd’hui comme le besoin d’une société en crise – au même titre que le music-hall dans les années 30 –, sans toutefois normaliser cette question. À partir de là, voir où nous en sommes avec la passion et trouver où peut encore surgir la beauté."