Dans son ouvrage Une brève histoire des lignes, l’anthropologue britannique Tim Ingold affirme que la ligne droite s’est imposée comme l’icône de la modernité. Si elle incarne l’autorité, la certitude et un certain sens de l’orientation, elle est aussi l’indice du triomphe de la pensée rationnelle sur les vicissitudes du monde naturel.

Pourtant les dernières décennies n’ont cessé de témoigner de profonds dysfonctionnements de la raison : l’autorité s’est révélée être un masque d’intolérance, les certitudes ont alimenté toute une série de conflits, et les orientations se sont muées en dédales et en impasses.

Ainsi naît la recherche « L’effet Coriolis». Notion empruntée à la physique, la force de Coriolis est une force inertielle qui, en agissant perpendiculairement au mouvement d’un corps, a pour conséquence de dévier celui-ci vers sa droite ou vers sa gauche selon l’hémisphère dans lequel la force agit. Cet effet intervient dans plusieurs phénomènes naturels dont notamment, le plus spectaculaire, la création de cyclones.

La force de Coriolis est ici pensée comme un principe chorégraphique perturbateur visant à détourner « ce qui marche droit ».

Série de pièces chorégraphiques solo, ce qui rassemble ces travaux c’est que tous sont pensés pour un même dispositif : 12 enceintes sphériques dessinent les contours de l’environnement dans lequel le-la danseur-se évoluera.

Plus qu’un simple espace performatif, ce que permet ce dispositif c’est une réflexion sur les modalités d’émission d’une oeuvre sonore : la circulation et la re-distribution des sons sont élaborées en fonction du phénomène étudié: ces sont ces mêmes sons qui détermineront à leur tour les comportements du performeur.

Après PARADE - L’effet Coriolis n°1 conçu avec et pour le danseur pékinois Yang Zhen autour des pratiques du « conductor » (ne dit-on pas d’un défilé qu’il se conduit comme on le dit d’un véhicule ou d’un orchestre ?), Tarantella ! sera le second effet de la recherche.